Salaha Luvia Posté(e) 22 septembre 2012 Signaler Share Posté(e) 22 septembre 2012 Période Dea, le 11, en une chaumière du village du Souffle, L'Unique avait voulu qu'elle connaisse ces temps troublés. N'aurait-elle pu ouvrir les yeux en un monde moins tourmenté ? Si Salaha avait fait sienne les croyances de sa terre d'adoption, ses prières demeuraient sans réponse. Pourtant sa foi n'en devenait que plus grande. « í” Posicillon, montre-moi le chemin ! » Tant d'événements s'étaient succédés ces deux dernières périodes, qu'elle peinait à remettre de l'ordre en ses pensées. Allongée en sa chaumière, elle ressassait le passé. Il y avait d'abord eu cette ombre planant sur le village du Souffle. La rumeur couvait qu'une morte était sortie de sa tombe. Mauvais présage avait pensé la mage. Pourtant n'était-ce pas de la joie sur certains visages ? Les anciens avaient conduit la revenante à l'écart. Puis, ils étaient restés plusieurs jours cachés, sans que le moindre murmure ne s'échappe de leur retraite. Quel sinistre menace pesait donc sur leurs têtes ? Quelle décision nécessitait tant de discussions ? Le temps avait passé et Dea avait enfin apporté des réponses. Salaha se souvenait de ce matin-là. Les généraux du Souffle étaient enfin sortis de leur silence. Ils avaient présenté à l'assistance celle qui demeurait une inconnue pour la plupart d'entre eux. Une magicienne aéride, une prêtresse innocente, une guide qui avait fait beaucoup pour la faction, une pacifiste sans mauvaises intentions, une amie que l'on croyait à jamais perdue... Les anciens parlaient d'elle en ces termes, justifiant ainsi sa présence. L'aqueuse aurait bien voulu y croire, mais les premiers mots d'Anamaya lui firent froid dans le dos. « A partir de maintenant vous prierez la Déesse trois fois par jour ». Ces mots résonnaient dans l'esprit de la fidèle de Posicillon. N'avait-on pas prévenu la prêtresse d'Eolia que le Souffle avait ouvert ses croyances ? Que la guerre élémentaire était finie ? Qu'un autre mal, plus profond, ravageait ces terres ? Était-ce là une preuve de fanatisme ou une remarque innocente ? Une simple plaisanterie ? La magicienne ne releva pas les propos. Peut-être aurait-elle du. Comme les jours passaient, ses doutes grandissaient. Elle avait tenu pour acquis que cette faction jadis dévouée au culte d'Eolia était maintenant ouverte aux fidèles des quatre Dieux. Seul l'Unique unissait ces aventuriers aux croyances divergentes, pour elle cela était évident. Pourtant, de récents événements laissaient à penser que tous ne s'accordaient pas sur ce point. Des paroles prononcées allégrement, des histoires d'élémentaires planant au-dessus du village... Plus elle y réfléchissait, plus le doute s'insinuait en son cœur. Certes, ils n'avaient jamais clarifié la situation. Jamais la question du culte n'avait été sérieusement abordée depuis son arrivée en ces murs. S'était-elle fourvoyée ? Les autres aqueux présents en cette faction s'étaient-ils à jamais détournés de Posicillon ? Qu'en était-il des ignis et terrans ? Salaha pria le Dieu des Mers et des Océans, avec plus de ferveur encore, espérant qu'il n'en soit rien. Toutefois, la question demeurait en suspens en un recoin de son esprit, la rongeant jour après jour. Elle se retourna sur son lit. La suite était pis encore, elle rechignait à revivre cette nuit mouvementée où elle avait du à nouveau prendre les armes. Elle se trouvait alors en l'auberge de Melrath Zorac. De retour d'Irliscia, elle s'était arrêtée là pour prendre un repos nécessaire. La nuit commençait tout juste quand un aigle royal apprivoisé vint cogner à sa fenêtre. Il était porteur d'un bien sinistre message. Le fortin du Souffle était attaqué. Aide était requise dans les plus brefs délais. Elle n'hésita pas un instant. Il était de son devoir de participer à la défense du bastion. Tant qu'elle porterait le blason du Souffle, elle aiderait ses sœurs et frères de faction par tous les moyens. Elle avait pris cette décision le jour même où elle les avait rejoints, ce faisant toutefois une promesse. Quand son appartenance au Souffle remettrait en cause ses principes et valeurs, elle partirait. Loin de se doutait que ce jour approchait, elle sortit de l'auberge pour retrouver les vaillants défenseurs. Aussi vite qu'elle le put elle gagna le point de rassemblements des maigres forces du Souffle. Peu de leurs combattants étaient présents en cette triste soirée. La tâche allait être ardue. Elle fut surprise toutefois de trouver là des soldats et lieutenants de l'Alliance, prêts à donner leur vie pour sauver un bastion qui n'était pas le leur. Cette présence alliée la rassura. D'autant qu'un certain rôdeur était là, donnant à la situation un air familier, dédramatisant ces instants difficiles. Un éclair au dehors la fit sursauter. L'orage grognait ce soir au-dessus du village. Fallait-il y voir une colère divine ? Elle soupira. Non, elle ne voulait pas revivre la suite. La nuit avait été sanglante. Elle, qui évitait les champs de bataille, avait du se résigner à l'attaque, une fois de plus. « Quatre bouts de bois... rien de plus. » Elle n'avait attaqué que le trébuchet. Si elle n'était pas familière de la violence, Salaha préférait user de ses sorts sur un objet inanimé que de regarder mourir ses amis et alliés. Le hasard avait voulu qu'elle porte le dernier coup sur l'arme terrifiante, avant d'elle-même s'évanouir sous les frappes ennemies. Elle ne pouvait expliquer la joie qu'elle avait ressentie en cet instant. David avait-il eut la même sensation en abattant Goliath ? Cette vieille légende de son enfance lui semblait convenir à la situation qu'elle avait vécue. Leurs ennemis s'étaient montrés en nombre cette nuit-là, mais surtout la majorité d'entre eux avaient l'expérience des vieux combattants. Voilà ce qui faisait défaut au Souffle. « Puisse l'Unique veiller sur ses candides enfants. » Elle se souvint avoir dormi ensuite, exténuée par un combat inhabituel pour elle. Dans les grottes humides, à la frontière du royaume des morts, elle n'avait trouvé qu'un demi-repos. L'aube était venue apportant son lot de nouvelles. Le bastion était bien amoché, elle put vite le constater. Toutefois, les solides remparts ayant tenu, l'heure des réparations étaient venues. Tous se mobilisèrent sans rechigner, vidant leur coffre sans hésiter. Chacun se saisit d'un outil. Pas un seul souffleux ne demeura les bras ballants. Après les tumultes de la nuit, la faction devait, ce jour, montrait son meilleur visage. Une solidarité sans faille face à l'adversité, voilà le mystérieux lien qui les unissait. Salaha prit sa place dans le rang des récolteurs, puis dans celui des maçons. Quand elle ne put plus mettre la main à la pâte, elle aida à l'organisation. Comme chacun elle ne ménagea pas ses efforts. Avec les autres, elle se réjouit de l'aide offerte, à nouveau, par l'Alliance. Cette grande faction leur prodigua conseils, aide militaire, et ressources sans rien demander en échange. Des aventuriers isolés, dont elle connaissait tout juste le nom, donnèrent eux aussi. Cet élan de générosité réchauffa les cœurs. La magicienne aqueuse en oublia même ses doutes. « Cela ne pouvait durer qu'un temps. » Si l'adversité rapprochait toujours les souffleux, leurs idéaux les séparaient trop souvent. Si l'entraide était leur point fort, ils peinaient dans la prise de décisions. Malgré les récents événements, malgré les trahisons, certains continuaient de se voiler la face. Les actes avaient parlé trois jours durant. Ils avaient pu voir le visage de leurs ennemis, mais aussi celui de leurs alliés. Pour Salaha la situation était limpide. Pourtant, le choix du Souffle se faisait attendre. En cette nuit de Déa, une vérité s'imposa dans l'esprit de la magicienne. Elle avait, elle aussi, une décision à prendre. Elle se leva pour se diriger vers la fenêtre de sa chaumière. Au dehors tout semblait calme, même l'orage s'était calmé. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Salaha Luvia Posté(e) 15 novembre 2012 Auteur Signaler Share Posté(e) 15 novembre 2012 [hrP]Petit oubli... la suite[/hrP] Période Dea, le 12, en cette même chaumière, L'aube pointait à l'horizon trouvant la magicienne aqueuse toujours plongée en ses réflexions. Elle n'avait guère dormi de la nuit. Après plusieurs périodes de doutes et d'hésitations, il était grand temps de faire un choix. Elle ne sortirait pas d'ici avant d'avoir pris une décision. Une fois de plus, elle allait peser le pour et le contre. Depuis son entrée au Souffle, elle avait tenté de trouver sa place sans jamais y parvenir. Parfois très impliquée dans la vie de la faction, elle s'en était tenue à distance bien souvent également. Elle avait reçu de l'aide les fois où elle l'avait demandée. Elle avait aussi aidé de son mieux, en jeune aventurière qu'elle était. Certains l'avaient remerciée, mais d'autres avaient critiqué ses méthodes. Quoique l'on fasse, au Souffle, il existait toujours un mécontent pour rechigner sur la forme ou le fond. Elle l'avait appris à ses dépends, mais elle était aussi consciente d'avoir occupé ce rôle quelques fois. Elle ne pouvait guère leur tenir rigueur pour cela, mais ces disputes trop nombreuses la poussaient vers la porte. Non, rien n'était jamais simple, et cela était usant à la longue. Les plus disputées des décisions concernaient toujours le même sujet épineux : leurs relations avec les autres factions. Déjà compliquées en un monde divisé, elles prenaient une ampleur déconcertante au Souffle. Il y avait les pacifistes qui ne voulaient pas entendre parler de combat même du fond de leur caveau. S'opposaient à eux les fous de la masse qui rêvaient de pouvoir raser casemates, bastions et fortins sans autre forme de procès. Au milieu se tenaient les hésitants, les frileux, les sages, les versatiles, les combattants plus raisonnés... On comptait presque autant d'avis que de membres en cette faction. Ce n'était guère un mal en soit mais ces esprits divergents n'étaient plus canalisés depuis trop longtemps. Chacun avait fini par n'en faire qu'à sa tête et tous devaient en payer le prix. Salaha savait bien que leur nombre était la première cause de ce manque de cohésion. On pouvait difficilement unir quarante-six humains sous un même blason. Il y aurait toujours des dérapages incontrôlés. Et, piégée en un monde déjà bien étrange, la magicienne avait besoin de plus de stabilité. Si elle ne pouvait la trouver ici, c'est ailleurs qu'il lui faudrait chercher. Au dehors, le village se réveillait peu à peu. Quelques Souffleux s'agitaient. Certains affichaient des visages tristes. D'autres semblaient libérés d'un poids. D'autres encore avaient l'air irrités. Du fin fond du village, parvenait la rumeur d'un départ. L'aqueuse hésita. En temps normal elle serait sortie, voir se qui se tramait. Mais en ce jour, elle ne voulait plus laisser un événement extérieur altérer son jugement. Quelque soit sa décision finale, elle la prendrait seule. Il ne pouvait en être autrement. Elle hésitait encore, et pour cause, il était des Souffleux qu'elle appréciait fortement. Elle avait trouvé là de vrais amis, sur qui elle pouvait compter. Quand elle pensait à Tigrou ou Ysabeau, il n'était plus question de partir. D'autres noms lui venaient aussi à l'esprit en ces moments de doutes. Des sœurs et frères de faction qu'elle ne connaissait que trop peu mais qui avaient plus d'une fois épouicé ses journées. D'un bon quart du Souffle, elle ne savait rien. Qu'ils soient anciens ou nouveaux, elle n'avait échangé avec eux guère plus qu'un « bonjour ». Elle les croisait parfois mais chacun avait à faire et elle ne trouvait généralement rien à leur dire. Ils étaient en définitive de parfaits inconnus. En une faction si nombreuse, cela n'était pas tellement étonnant. Elle regrettait juste de ne pas avoir pris le temps de mieux connaître tous ces personnages d'apparence sympathiques. Il demeurait toutefois un point noir en ses relations avec les membres de la faction. Ses différents avec certains avaient conduit à de véritables inimitiés. « On ne peut guère apprécier tout le monde, encore moins faire l'unanimité » se consolait-elle aux instants critiques. Mais parfois la tension montait, l'humeur se dégradait alors et l'orage grondait dans les rangs du Souffle. Quelques cris au dehors laissaient penser que les discussions allaient bon train. Déjà plusieurs groupes se formaient. Ceux qui, deux jours plutôt, étaient unis face à l'adversité se divisaient à nouveau. « Le manque de cohésion... » Le Souffle d'Eolia n'était, en définitive, pas une faction mais la réunion de plusieurs. Elle avait fait ce constat il y a quelques périodes de cela. De nombreux petits groupes s'étaient naturellement créés au sein de la faction. C'était un fait assez logique, dont la faute n'incombait à personne. Malheureusement, elle n'avait trouvé sa place dans aucune de ces sous-factions. Isolée, elle avait même éprouvé de la jalousie envers ces chanceux qui avaient la possibilité de partager leurs quotidiens de chasse, de quête, de promenade... et tant d'autres choses. Puis, elle avait, elle aussi, connut la joie de pouvoir cheminer en bonne compagnie. Toutefois, son compagnon de mésaventures se trouvait bien loin de là, en une autre place-forte. Au fond d'elle l'envie de le rejoindre avait grandi de jour en jour. Aujourd'hui, ce désir était plus fort que son attachement au Souffle. Regardant par la fenêtre, ce village tantôt aimé tantôt délaissé, elle en vint à la conclusion qu'elle ne pourrait jamais plus l'appeler « chez moi ». Sans s'en rendre compte, elle s'était éloignée peu à peu jusqu'à dépasser le point de non retour. Elle resterait avec eux quelques jours encore, le temps de finir les réparations du fortin. Puis elle partirait. Elle n'en voulait à personne, et souhaitait que le Souffle trouve un jour cette unité qui lui faisait défaut. Elle espérait aussi qu'ils lui pardonneraient son départ, car certains resteraient en son cœur ses amis. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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