Le Sceptre de Hersyn

[Akaresh]

í€ l'aube des temps, alors que ce monde n'était encore que poussière, une prophétie a été prononcée.

 

« Celui qui brisera les 7 fera remonter le mal originel des abysses de sa propre torture. Alors naîtra un monde dominé par un être qui le façonnera à son effigie. Effroyable. »

 

Une prophétie oubliée, inutile, dépassée, ridicule, pour ceux qu'elle concerne. L'Homme change, il évolue. Socialement, technologiquement et personnellement. Et ce n'est pas toujours pour le mieux. L'Homme tend à oublier sa propre nature. Ce n'est pas de son fait, c'est un mécanisme de protection établi qui prend plus d'ampleur à chacune d'entre elle. Cette loi que la nature a elle-même édictée dessert la condition humaine. Elle la détruit peu à peu, jusqu'à ce que son identité soit automatiquement bannie par de nouveaux préceptes. L'Homme se constitue peu à peu prisonnier de ses carcans et menace l'équilibre qui le maintient dans sa position. Si mince, si fragile, si précieux.

 

Quant à moi, je m'évertue à le pervertir et à le briser au fil des jours qui s'écoulent. Je suis le torrent de maux qui déferlera sur l'Homme. Voilà des siècles que je m'impose de ne rien faire. Je me suis contenté d'observer, d'étudier. De voir l'Homme courir à sa perte et de patienter jusqu'au moment le plus opportun. Je l'ai testé à Melrath Zorac. J'ai pu constater que malgré ses faiblesses, il savait se montrer solidaire, faire front face à l'ennemi commun. Alors je l'ai divisé. Brisant ainsi le deuxième sceau.

 

Je ne lui ai offert qu'une seule et même finalité. L'échec. Tandis que je tenais ma victoire. Elle est encore entre mes mains. La Relique du Rachsräk. Je joue avec, la laissant aller d'un doigt à l'autre, d'une main à l'autre tandis que son essence pénètre mon épiderme, se mélangeant à ma chair. Je caresse la prophétie du bout des ongles alors que je dévore avec appétit le Grimoire Céleste d'Aí«stys.

 

J'y apprends tant de choses...

 

J'ai tenté par bien des moyens d'accéder au contenu de cette Relique. A dire vrai, je n'ai jamais réellement su ce qu'elle contenait. Aí«stys ne m'a pas plus aidé. Il mentionne un Alchimiste aujourd'hui disparu, selon lui, qui y aurait enfermé l'essence des 7. Il est  malheureusement resté avare d'explications. L'Alchimiste aurait fait forger un Sceptre, unique de par sa difficulté à être conçu et de sa conservation à durée limitée. Ce Sceptre serait le seul réceptacle de la monstruosité de l'Homme.

 

Alors je m'en emparerai. Ce Sceptre que seuls les descendants d'Aí«stys seraient en mesure de forger. Ce Sceptre qui me permettra de remodeler le monde à mon image ...

 

Dans un rayon rassemblant des milliers de lieues, toute vie cessa en un instant, le temps de quelques secondes. Le temps que l'écho d'un violent cri se dissipe ... Les habitants interrogés l'affirment tous, c'était à peu près cela : « L'HÉRITAGE D'HERSYYYYYYYYYYYYYYYNN ! »

 

Lettre égarée, traduite en lettres modernes :

 

« Il est temps pour l'Homme d'apprendre à craindre d'autres maux que ceux qu'il connaît. Il est temps pour l'Homme de demander le pardon. Il est temps pour l'Homme d'apprendre à souffrir. Mes chers dévots, si j'emploie dans cette lettre la langue morte, c'est que notre avènement est proche.

 

La relique du Rachsräk nous a apporté des réponses satisfaisantes, mais afin d'en faire un meilleur usage, il nous faut obtenir le Sceptre d'Hersyn. Il est la clé qui nous permettra de libérer ce monde des chaînes qui l'entravent. L'Homme pourra ouvrir les yeux sur sa véritable condition et nous autres esprits élevés pourront le contrôler de main de maître.

 

Apportez-moi le Sceptre d'Hersyn, permettez-moi de briser les derniers Sceaux et d'accomplir la prophétie... »