Akaresh Posté(e) 22 févier 2014 Signaler Share Posté(e) 22 févier 2014 Le souffre. Il pique mes narines telles de petites aiguilles. Il envahit ma gorge tel le sable se déversant inlassablement dans un puits. Je suffoque et ma vision se trouble. Je ne peux pas. Non, je ne peux me résoudre à quitter ces terres. Mon Å’uvre est par trop inachevée. Le Monde n'est pas encore prêt à se passer de moi. Son équilibre est encore précaire, et je suis le ciment qui lui permettra de perdurer. Il s'esclaffe Me voilà suppliant les cieux, mon regard se perdant dans la brume cireuse, bras tendu vers un Dieu qui se gausse devant ma piètre situation. Les fourmis qui se donnent festin dans mes jambes m'obligent à courber l'échine alors que je perds tout repère. Je ne distingue plus que des ombres autour de moi. Elles glissent lentement sur le fleuve de mon désarroi grandissant. Elles se jouent de moi alors que j'appelle à moi quelques souvenirs, ceux qui précèdent ma lente agonie. Ma mise à mort. Mes yeux s'écarquillent alors que je me demande encore comment ai-je pu finir ainsi. Je tenais ma victoire. Un final grandiose. Le Monde n'avait plus d'espoir. Et dans toute l'Histoire de ces terres je suis le seul à avoir fait corps avec les cieux alors que ma puissance destructrice atteignait son apogée. Melrath Zorac sombrait dans le chaos. Perdant peu à peu son âme, son identité, son unité. Sa force. Alimentant la mienne, me donnant les ressources nécessaires pour briser le dernier sceau, celui qui libèrerait les Sept. Mes sbires, mes mercenaires et autres adeptes avaient envahi les rues de la cité, la mettant à feu et à sang alors que je dirigeais ma machine vers la crypte. Fier de moi, je souriais, car j'aime qu'un plan se déroule sans accrocs. Mais il y en eu un. Mes opposants finirent par se montrer. Fiers idiots ne comprenant pas ne serait-ce qu'un objectif de mon Å’uvre. Ils ont opposé une forte résistance, ils se sont bien battus, mais ils n'étaient qu'éphémères. Non, ce ne sont pas eux qui sont à l'origine de ma souffrance... Ce sont les incompétents qui ont assemblé ma machine qui le sont. Très résistante, à l'épreuve des coups et des sorts de la pathétique myriade de simples d'esprits qui s'escrimaient me faire tomber de mon perchoir. Ce sont les variations de l'air, sur une pièce mal sertie qui ont fait ployer la machine. Un élément si simple à prévoir. Une bévue monumentale, ce n'était pas prévu ainsi. Nous survolions l'entrée sud de la capitale. Les turbulences se firent implacables, déchirantes, éprouvantes. Nous devions encore faire un survol complet de la ville. Alors nous avons mis le cap sur le lac de plaisance, avant qu'il ne soit trop tard. La machine est devenue instable, hors de tout contrôle. Je voyais s'envoler mes aspirations, mon but ultime, mon destin. Tout m'échappait. Alors j'ai fermé les yeux, et j'ai fait plonger la machine vers le sol. Elle s'est écrasée avec fracas, la déflagration se faisant entendre jusqu'au fin fond des territoires inconnus. Un flash aveuglant nous a tous paralysés alors que nous étions projetés dans des directions aléatoires, les débris se mélangeant à nous. Et j'ai sombré dans l'inconscience. Quelques minutes. Me voilà désormais chancelant, un trou barrant mon torse de part en part, peu au dessus du cœur. Je le sens qui pompe tout mon sang, le ramenant à lui dans une tentative de sauvegarde. Mais je me rends à l'évidence. De moi il n'est plus rien. De mon Å’uvre il ne restera rien. Car les Sept ne verront pas les oasis de ces terres, pas plus que leurs mines, leur marais, et tous ces Hommes indignes de leur puissance. La vie me quitte au rythme des gerbes de sang qui s'échappe de ma gorge. Me voilà à genoux, un sourire emprunt de fatalité plaqué sur mon visage. Finalement, c'est l'opportunisme d'un seul Homme qui eu raison de moi. Guix. C'est le nom que j'ai lu sur le bout de ses lèvres. Une question de vitesse, alors que je me tournais après avoir déposé le Sceptre de Hersyn à son emplacement... Alors ce sont ces terres qui boiront mon sang. Ainsi soit-il. Je n'ai plus que faire de ce monde perverti. Tout ce que je souhaite, c'est que mes actes ne soient pas vains... Alors que le corps sans vie de l'Architecte tombe lourdement sur le sol, un long et large sillon de son sang creuse le sable brûlant de la Crypte que l'explosion avait dévoilée. Il se faufile doucement jusqu'à rejoindre un point, au centre parfait du lieu. Alors la terre se met à trembler longuement, puis des fissures se creusent dans le sol tandis que le corps de l'Architecte redevient poussière. La Crypte des Sept. Alors que tous sont émerveillés devant tant de beauté, le sang de l'architecte continue inlassablement de couler. Se répandant sur chaque statue de pierre, insufflant une nouvelle vie en chacun des sept. Et dans un dernier tremblement, les Sept se libérèrent, s'échappant un à un de la crypte. Annonciateurs d'un nouvel ordre. Le Chaos infini. Ainsi l'Architecte était-il le dernier sceau. Ainsi son Å’uvre était-elle achevée ... avant les nouveaux cycles... Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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