Une butte sous la pluie, avec un long rocher dépassant de son flanc septentrionnal, écartant les eaux tel un prophète des temps passé qu'un long sommeil aurait transformé en pierre. Le vagabond gagna son hégire et s'assit, dans un concert de craquements osseux et de " aieaieaieaieaieaieaie ". Un peu de repos sans nuances de postérité, un peu de recul sur les évenements de ces dernirs temps.
Cela avait duré une semaine. Le premier jour de celle-ci, il s'était massé avec de nombreux autres aventuriers devant les remparts nord de la forteresse orque orientale. Il avait attendu avec curisité que quelque chose en sorte, comme on les avait prévenus qu'il adviendrait. Un dragon l'élança en un vol vers l'autre monde juste avant la réalisation de cette prédiction. Cette fois il les voyait, les orcs. La plupart le faisaient passer de vie à trépas en quelques passes rapides lorsqu'il engageait le combat avec eux. Taraudé par l'envie d'aller voir plus loin au coeur du combat, il tenta bien des fois de passer, mais sans pouvoir se soigner, un orc, ou un nasillaire, l'empêchait d'y accéder. Vint alors un moment ou les hommes commencèrent à se joindre à eux. Et la plupart se revendiquant de la tolérance et de la justice, ses frères karmatiques. Au début, il retournait vers leurs coups, dans l'espoir de les voirs déchusde leurs statuts, de par les vertus qu'ils bafouaient et piétinnaient comme son cadavre qui semblait parfois être plus vivant que lui, tant il changeait de place rapidement. Mais les dieux semblaient être aveugle ce jour là, leur vue obscurcie par les trainées de sang, et leur ouïe oblitérée par les flammes et les dents d'acier rongeant la chair, et leur esprit déchiré par la souffrance agonisante des ames qui se perderaient dans l'errance infinie. Il lui était arrivé de passer quelques fois, néanmoins, jetant à terre les orcs les moins aguerris, engageant un gobelin qui semblait balancer des ordres à la ronde, ou encore une tente ou ses guerriers avaient établi leurs quartiers. Mais ce n'était que d'une courte durée, un autre du clan versant d'ors et déja amèrement les larmes pour la mort d'un être de lumière et de la défaite face aux ténèbres le renvoyait à nouveau vers la nécropole, lui qui les aidait ... Face à l'abnégation, la folie s'emparait de lui, son esprit cédant face à ces incongruences et absurdités... Des tonneaux de poudres se tenaient face à lui ... Les explosions retentissaient à travers plaines et vaux, mais nul ne l'attaquait plus ... BOM , BOM , REBOM ! C'était peut être ce qu'ils craignaient.
La semaine qui suivit l'emmena également à des voyages entre la spiritualité forcée et ses pérégrinations. Les orcs étaient encore présents, les dragons s'en donnaient à coeur joie ... Il se croyait sans cesse comme dans une expiatrice bacchanale.
C'est alors qu'une nouvelle attaque survint. Apres avoir cherché longuement et retrouvé la direction de l'Est, il arriva sur place. La plage grouillait de monde, malgré le temps encore frais, et il aperçut immédiatement un de ses alliés aux prises avec un autre combattant. Sans réflechir il assaillit ce dernier, qui fut peu apres jeté à bas. Recevant des coups dans la cohue, il engagea d'autres guerriers, mais ces combats ne connurent jamais de vainqueurs. Progressant comme il le pouvait à travers les flots tant humains qu'aquatiques, parfois devant rester sur place longuement avant de pouvoir reprendre sa progression, il gagna tant bien que mal et en allant régulièrement saluer le gardien de la nécropoles l'épicentre des combats : un débarquement d'orcs se mesurait à une forteresse des autorités de Melrath Zorac. Un capitaine, dénommé garke, baraguinait des ordres incompréhensibles. Son plumeau et sa manière de parler pour ne rien dire
menèrent le vagabond à lui lancer une boule de neige. Il s'en alla plus avant, vers le sud , ou des aventuriers semblaient livrer une sorte de course avec des boulets de canons dans les mains. Présentant que les énergumènes n'auraient de cesse de l'importuner jusqu'à ce qu'il les rejoigne dans leurs étranges coutumes, il achemina lui aussi quelques munitions. Une pieuvre géante allait et venait de temps à autre, il lui assena quelques attaques, mais ne s'y attarda pas, tout comme face à un amiral dont il n'avait pas réussi à déterminer l'allégeance. Arriva alors, dans un fracas de poutres et d'explosions dans les futs de canons sonnant tels les trompettes de l'apocalypse, le navire amiral orc. S'ensuivit une ruée vers et hors du navire, dans une bousculade sans nom, sous une volée de boulets fusant de toutes parts et obscurcissant les cieux. Le chaos qui s'ensuivit était pire que tout ce qui avait précédé. De nombreux trajets entre la dimension spirituelle et le navire s'effectuère, mais finalement, dans un fracas de tous les diables, le bateau s'affaissa et pris l'eau. La plage était précocément rouge, avant le coucher du soleil. Les orcs restant battaient en retraites, les hommes comptaient leurs pertes avant de partir s'entretuer à nouveau. Depuis le bastingage, on voyait le bateau sombrer sans précipitation.
Le navire avait reçu d'innombrables boulets dans la coque.
Tous avaient péri, jusqu'au maître coq
Les voies d'eau s'intensifiaent et se multipliaient
Deux hommes étaient là à s'assurer que la poupe cèderait.
Les flammes flamboyaient en crépitant gaiement
Un requin s'en venait déjà, attiré par le sang
Au nord des aventuriers s'entassaient et se battaient
Au sud un jeune guerrier flamboyant, lui, vomissait.
La forteresse était dans un état aussi piteux
Révélé par la fumée de canons disparaissant dans les cieux
Les remparts étaient en ruines, seule l'artillerie était rescapée
On eût dit un homme qui sans ressentir ne pouvait plus que frapper.
L'amiral face à trois combattants, leur fit un sourire narquois
Et par la grotte creusée dans un mur il se replia
L'odeur de chair et de sang brûlés dese mêlait à celle du salpêtre
Les aventuriers recouvraient l'ouïe que les explosions avait évincée, et se croyaient renaître.
Brouillard noir s'élévant vers les cieux
Brûme rouge obscurcissant les eaux
Terre irriguée de sang boueux
Hommes ternis d'infâmes travaux
Lorsqu'il offre un crépuscule en rencontrant dans sa ronde
Les eaux de la baie où vient mourrir le fort brisé
L'astre solaire rappellera bien longtemps au monde
Le jour de naufrage du Glas des Guerriers.