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La nuit était tombée sur les étendues arides du désert. Une légère brise balayait les landes de sable. Les courants d'airs redescendaient des cimes enneigées et filaient vers le sud. Elles venaient aussi offrir un rafraîchissement salutaire aux aventuriers qui osaient braver la profondeur de la nuit. Les brumes opaques en profitaient pour s'étaler sur l'immensité du ciel, recouvrant d'un voile cendreux les scintillantes étoiles. A cette heure tardive, la plupart des âmes de la ville avait sombré dans un sommeil de plomb. Pourtant, une activité inhabituelle bien que silencieuse convergea en un point bien précis. Aux confins du désert occidental, là où la nature verdoyante peine à vaincre les affronts de la sécheresse, une tour avait été érigée. D'abord cernée par d'impitoyables créatures dégoulinantes de baves et de sueur, la tour s'était vite retrouvée orpheline. S'élançant vers les hauteurs du ciel, elle affrontait désormais seule les grains de sables violemment projetés sur sa façade de pierre noire par les vents tourbillonnant. Impassible, s'érodant avec une lenteur infinie, elle dominait le désert avec condescendance. Rapidement, elle devint l'objet des convoitises de nombreuses factions qui désiraient s'en emparer. C'était bien là les atteintes les plus violentes. Des coups portés en sa base, assommée par de lourdes haches, transpercée par des flèches aiguisées, étourdie par des sorts violents. La tour commençait déjà à porter les stigmates de ces attaques multiples. Sa pierre s'effritait, se fissurait, se fracturait avant de s'écraser sur le sol sableux. Robuste, la tour était pourtant encore loin d'être détruite, tenant encore solidement sur ses quatre bases. Ce fait n'avait échappé à personne, et certainement pas aux mercenaires de l'au-delà qui depuis la tente des nomades avaient pu observer la détérioration de la tour. Avide de conquête, l'occasion était certaine, leur tendant les bras. Après tout, ils possédaient à ce jour le plus grand nombre de tour, une fierté affichée et qu'ils comptaient perpétuer. Pour autant, cela semblait presque trop facile. La faction étoilée souhaitait-elle réellement s'emparer de la tour ? N'y avait-il pas là-dessous un autre stratagème plus élaboré ? Pourquoi commencer un travail, et le laisser largement inachevé, à la vue de tous et aux mains d'âmes plus torturées ? Pour autant, la tâche à accomplir était encore un large effort, la tour étant encore très solidement ancrée dans les terrains sablonneux. Ce soir-là, un des mercenaires s'approcha avec discrétion de la zone d'intérêt. A sa grande surprise, l'endroit était désert. On entendait le vent se briser sur les quelques arbres à proximité. On entendait aussi son sifflement aigu. La lune et les étoiles se cachaient timidement, perçant furtivement à travers quelques espaces laissés par les voiles de nuage qui traversaient le ciel. Rapidement, ce calme reposant fut perturbé par des pas lointains qui semblaient se rapprocher avec vitesse. Les mercenaires avaient été prévenus et convergeaient tous vers la tour. Les lieux étaient bien connus de tous, et en un rien de temps, neuf âmes encerclaient la tour dont le funeste destin approchait à grand pas. L'espace d'un instant, ils se regardèrent tous, comme pour se donner de la force, et se soutenir les uns les autres. Malgré leurs nombreuses différences, ils agissaient comme un seul homme, et rien ne pouvait les arrêter. La nuit n'aurait su éteindre l'ardeur des flammes qui brûlaient dans leurs yeux. Ces yeux qui contemplaient cette colonne de pierre dont le sommet flirtait avec ces nuages qui semblaient caresser la pierre. Le froid n'aurait su figer leurs membres, bouillant de l'intérieur, échauffés par l'intense et incessant effort qui venait peu à peu à bout de cette pierre maudite. Le vent n'aurait su mouvoir leurs silhouettes, bien ancrées dans le sol, ne faisant qu'un avec lui, comme si le sol lui-même souhaitait voir cet édifice réduit à néant. Surtout, les armes et les sorts de quelques ennemis n'auraient su entraver la détermination de ces êtres prêts malgré tout à livrer un combat dans l'unique but d'atteindre l'objectif fixé. Peu importe que la mort en emporte certains, d'un camp comme de l'autre. Peu importe. Car au cœur de la nuit, dans une ultime attaque, une tour s'effondra, noyée dans un brouillard de sable. Mais une autre naquit, plus belle, et plus haute encore, marquée du sceau des mercenaires. Ils s'y engouffrèrent alors tous, les uns après les autres. Ce n'est qu'à ce moment que la nuit, impitoyable, reprit ses droits.