La Complainte de l’Arbre Millénaire.
Il était un arbre millénaire,
Jonché sur son éperon de pierre,
~
Son tronc, immuable face aux vents,
Effleurait le ciel, tel un géant.
Ses branches, frissonnant sous la bise,
Semblaient s’échapper de son emprise.
~
L’arbre vieillissait, las de ces âges,
Où les grandes guerres faisaient rage,
Où les éléments, entremêlés,
Faisaient saigner les cœurs et les plaies.
~
Ses profondes racines étouffaient,
Sous le lit d’une terre putride,
Et son bois doucement s’asséchait,
Offrant des bouts d’écorces au vide.
~
Et pourtant, quand arrivait l’été,
De l’arbre toujours naissaient des fruits,
Bien plus rares, bien sûr, ils étaient,
Mais leur couleur était si jolie.
~
Parmi eux, il y en avait certains,
Que l’on priva d’être ainsi vêtu,
Marqués par la couleur du déclin,
Noircis par la mort du vieux feuillu.
~
Ces quelques fruits pourtant s’accrochaient,
A ce vieux père qui les eût créés,
Mais l’arbre, craignant trop l’agonie,
Les fît choir, espérant sa survie.
~
Et tandis que l’arbre millénaire,
Succomba au baiser de l’hiver,
Tous les fruits tombés se relevèrent,
En de nouveaux arbres millénaires.
Hephaistos.