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Terre des Éléments

Terres de Bäthen: société et culture drow


Suyvel
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Commençons par tordre le cou à une rumeur persistante : Bäthen n’est pas un royaume.

 

Qui dit royaume dit roi, et il n’y a pas de roi drow. Et aussi loin que les écrits de mon peuple portent, il n’y en a jamais eu. Les cités de Bäthen sont en fait des cités-états, indépendantes les unes des autres, chacun disposant de son gouvernement. Chaque cité est composée de Maisons nobles, et les plus puissantes constituent le Conseil de la Cité, prenant les décisions importantes pour sa gestion et son avenir. Evidemment, lesdites Maisons s’affrontent en permanence – et de bien des manières – pour gagner en influence et limiter celle de leurs rivales, voire les faire disparaître.

 

L’ambition, la puissance et le rang : voilà ce que chérissent les drows.

 

Quiconque ne saisit pas leur attachement à ces valeurs ne peut espérer les comprendre.

 

C’est vrai pour les Maisons nobles, et tout autant pour les individus : chacun œuvre à son ascension sociale. Par tous les moyens : vol, corruption, meurtre... y compris dans les rangs d’une même famille. Ce qui risquerait de mener la civilisation drow au chaos, voire à l’anéantissement. Toute civilisation est basée sur un minimum d’ordre et de règles, et celle des drows n’y fait pas exception. De fait, quelques règles simples sont édictées – mais appliquées de manière cynique. Le meurtre est interdit, mais du moment que l’auteur ne se fait pas prendre sur le fait, il s’en tire sans problème. Nul ne s’amusera à demander une enquête : cela n’intéressera personne. Si le meurtrier s’est révélé particulièrement discret, il sera même encensé pour son habileté – à mots couverts.

 

La puissance et le rang peuvent s’acquérir de bien des façons. Un habile artisan peut devenir un maître dans son art et être courtisé par les plus puissantes Maisons nobles. Même chose pour un négociant, un diplomate ou un intendant. Mais c’est au combat que se trouve la véritable valeur aux yeux des drows. A tel point qu’il existe une Académie de Guerre dans chaque cité, dispensant des cours à tous les citoyens qui peuvent s’offrir le prix du savoir. Les maîtres y enseignent la voie des armes, celle de la sorcellerie, et celle de la magie divine. Le triple socle de l’immense puissance militaire du peuple drow. Cela se retrouve dans l’organisation de la défense et de la sécurité des cités : des patrouilles d’une dizaine de soldats sont envoyées quadriller la périphérie, et on adjoint généralement un mage et une prêtresse à chacune d’elle.

 

A la base, les drows étaient portés sur l’isolationnisme et l’autarcie. Lorsque l’on se retrouve exilé sur des terres étrangères, en butte à l’hostilité générale, tout étranger représente une menace, et on apprend à ne compter que sur soi.

 

Les choses ont bien évolué. Lentement, mais le chemin parcouru est énorme.

 

Avec le temps, les cités drows sont devenues grandes et prospères. Une vaste clientèle, avec de l’or à dépenser : voilà qui ne pouvait très longtemps perdurer sans attirer des marchands. Au début, seuls les plus téméraires osèrent tenter une approche d’une cité drow – mais lorsque certains revinrent, plus riches et détenteurs de lucratifs accords commerciaux, la voie au commerce fut définitivement ouverte. Les marchands proposent toutes sortes de victuailles des terres du sud, du vin, des étoffes, des produits artisanaux, des articles de luxe comme du parfum, et repartent avec du minerai des montagnes, de l’or, de l’argent, du fer, des gemmes... ce ne sont pas les richesses naturelles qui manquent dans le sous-sol de Bäthen. Ni les magnifiques produits de l’artisanat drow. Toutes les cités drows sont désormais dotées de vastes marchés fort bien achalandés.
 

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Le commerce a constitué la meilleure porte d’entrée pour les autres peuples. Pour autant, tout n’est pas rose pour les marchands étrangers, victimes régulièrement d’abus de pouvoir des autorités drows, de vols et d’escroqueries diverses. Mais oui, les cités drows sont depuis longtemps ouvertes aux étrangers – pour peu que leur visite puisse augurer d’un possible profit pour les drows.

 

S’il est un domaine dans lequel les artisans drows sont réputés, c’est bien celui des armes et des armures. Celles-ci sont des chefs-d’œuvre d’ingéniosité et de virtuosité, rivalisant avec les créations des maîtres forgerons du peuple nain. Les artisans drows font largement appel à la sorcellerie pour enchanter leurs créations et les rendre ainsi encore plus performantes. Bien entraînés, formidablement équipés, les guerriers drows de l’élite sont précédés d’une terrible réputation, largement méritée. Leur valeur est indéniable.
 

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Beaucoup de marchands étrangers donneraient cher pour acquérir de tels objets, mais les drows n’aiment pas voir partir ce qui fait – au moins en partie – leur force au combat. Par le passé, certains soldats ont eu la désagréable surprise de devoir lutter contre des ennemis équipés de leurs propres armes, et depuis, tout commerce de ce type est strictement interdit aux étrangers. Les artisans drows incluent désormais des sortilèges de garde dans leurs créations, dont les enchantements ne se déclenchent plus que si elles sont maniées par des drows. Ils poussent parfois le vice jusqu’à fabriquer des objets maudits : l’inconscient qui fait main basse sur de telles créations est victime d’une malédiction qui peut être très handicapante, voire mortelle. Bref, les armes et armures drows sont devenues moins tentantes pour l’étranger de passage.

 

Avec la croissance des cités, les besoins en main-d’œuvre ont augmenté. Avec la prospérité, leurs citoyens ont commencé à dédaigner des tâches qu’ils jugeaient indignes d’eux. Les dirigeants drows ont alors commencé à revoir leur stratégie : à quoi bon tuer des étrangers s’ils peuvent servir de main-d’œuvre pour les basses besognes – surtout s’il n’est pas besoin de les payer pour cela ? Le peuple drow, très pragmatique et xénophobe, est devenu esclavagiste le plus naturellement du monde. Orcs, gobelins, nains... et même quelques humains, tout est bon pour travailler dans les exploitations agricoles ou minières, chasser dans les forêts ou servir sur les bateaux de pêche et les ports.
 

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Seuls les elfes sylvains y échappent : ils sont trop haïs pour avoir la chance de vivre, même en esclavage. Du coup, les étrangers qui se risquent sur les terres de Bäthen risquent à tout moment d’être capturés par des chasseurs d’esclaves désireux de s’enrichir rapidement. Car un bon esclave se vend bien. Un combattant finira probablement dans les arènes de la cité, un haut lieu de distraction pour les drows. Ou bien il intégrera les troupes d’une Maison noble où il servira de cible d’entraînement pour les jeunes drows, ou de chair à canon dans les batailles rangées.

 

Voilà ce que je puis donner comme premier aperçu de la société drow.

 

Modifié (le) par Suyvel
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