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[Anamaya]

La présence de la nécromancienne est rassérénante. Elle la goute comme un bain chaud après une longue journée de marche. Mais ses paroles sont tranchantes comme la glace et la prêtresse n'aimerait pas être à la place du nécromancien. Ni sous le feu de son regard. Un peu elle aurait eu peur pour lui. Et si il donnait la mauvaise réponse? Et que Ignis refusait son aide par caprice?

Quant au prix... Cela va-t-il faire faiblir le nécromant? Dans quelle mesure va-t-on l'envoyer paitre si elle se propose à le payer, ce prix?

La prêtresse ne dit rien, mais reste proche de sa consoeur. Elle fixe le nécromant, attend une réponse. Celle-ci vint, plutôt froide. Elle agresserait presque les oreilles de la jeune femme. Des concepts comme celui de morale lui firent un écho, comme si elle devait trouver ces propos choquant, mais qu'elle ne savait plus pourquoi.

Elle regarda Ignis cherchant à voir ce qu'elle en pensait. Sans en avoir conscience, elle avait déposé sa main sur le bras de la nécromancienne. Est-ce qu'elle aussi elle le percevait perdu et seul? Ou comme une créature sans âme, au regard vide? Plus important, lequel des deux pourrait obtenir sa clémence?

Rien qu'à songer au chemin qu'il avait dû parcourir pour en arriver à ce discours là, elle se sentait chagrine, et son regard n'en cachait rien.

[Anamaya]

Le temps s'était semblait-il figé sur la réflexion de la nécromancienne. A coup sûr, elle avait accès à des secrets de l'âme qu'il valait mieux ne pas contrarier. Peut être même hésitait-elle sur la marche à suivre? Anamaya en vint à craindre pour Guix.

Cela lui passa très vite. Non pas que, subitement son sort la désintéressa. En fait, elle se rendit compte que c'était son sort à elle qui laissait à désirer pour l'instant.

Parce qu'elle n'avait rien vu. Elle n'avait pas percutée, plongée dans ses pensées, dans les paroles des autres... Elle avait oublié le ciel. Parce que, pendant des mois, elle avait erré sans y prêter attention. Elle avait perdu le souvenir de la brûlure...

Anamaya lâcha Ignis pour se rapprocher du couvert d'un arbre. Elle oubliait tout à présent, tout ce qui n'était pas cette peur primale.

Le soleil se levait. Il était curieux qu'elle n'ait pas remarqué qu'il faisait déjà plus clair... Mais il est vrai que sous le couvert des arbres la nuit peut parfois être éternelle. A tâton, elle chercha son ombrelle dans son sac, la dépliant délicatement. Elle était prête à s'élancer lorsque quelque chose la retint, l'obligeant à tourner la tête derrière elle, en direction des deux autres.

Elle reprit conscience de sa présence, de leurs présences. Son coeur battait vite, et ses yeux reflétait la panique qui l'agitait.

" Je dois.. Je n'peux pas rester plus... Le soleil se lève, il... Ignis, garde ta réponse, nous en reparlerons... demain, d'accord? Guix ? Je..."

La peur l'entraîna vers l'auberge, dans une course effrenée contre le temps. De risque, il n'y en avait pas encore réellement, mais la crainte la poussait plus que de raison. Elle se réfugia dans une chambre, claquant la porte derrière elle et se laissant tomber au sol. Frustrée par la tournure des choses, elle se jura de revoir le nécromant dès le lendemain soir.

Mais la Déesse en décida autrement et lorsque ses devoirs envers sa faction ne la retinrent plus, elle ne le vit pas.

Modifié (le) 20 octobre 2012 par Anamaya

[Guix]

Rien. Point de réponse. L'attente pendant sa réflexion semblait interminable, à tel point qu'inconsciemment ma main droite tremblait d'impatience.

Et en plus, pour parfaire ce tableau de l'attente, le jour était en train de se lever. Comme j'avais attendu toute la nuit ...

Le jour.

Et merde.

Mais elle l'avait visiblement remarqué avant moi. Je voulais faire quelque chose pour l'aider, mais j'étais parfaitement conscient que je n'allais faire que la ralentir. Pas le temps non plus de lui dire quelque chose, je n'avais d'autre choix que de me contenter de la regarder partir. Je lui adressa juste un regard pour acquiescer lorsqu'elle se retourna pour nous dire qu'elle était vraiment désolé de nous abandonner de cette façon. Je regardais ensuite Ignis, et sans un mot je me retournais pour partir à mon tour. Ou, je ne le savais pas encore. Mais je ne pouvais m'empêcher de constater que la vie est d'une cruauté sans bornes. Première journée passé en compagnie de personnes civilisés, et tout de suite j'avais l'impression de ne rien avoir perdu de ma vie d'avant.

La vie, la nuit.

La fuite, le jour.

Et avec ça, tout mes souvenirs que je pensais avoir enfoui au fond de moi le jour ou j'ai décidé de partir.

Cela m'avait manqué ...

[Ignis]

Dans un sursaut, je passe de l'autre côté. J'ai été appelée en ce lieu. J'ai eu devant moi, Anamaya, ma sœur de lumière, et puis un autre sorcier. J'ai commencé à énoncer quelques phrases et puis soudainement je m'évade. Mon esprit s'envole, c'est ailleurs qu'il est hélé. Loin dans la noirceur du ciel je m'appose. Je tends l'oreille, et puis je regarde en bas. Là est mon corps, ici est mon esprit. Dans une farandole étoilée je suis et réponds au vent qui s'exprime. Le cataclysme s'annonce, les morts hurlent à l'injustice qu'ils ont subi en tant que vivant.

C'est un appel qui ne peut être évité, dans une vague de vibration, j'entends les étoiles parfaire leur oracle. Le temple est en question, et des images se fracassent sans demi-mesure contre mon visage. Elles me fustigent et me harcèle jusqu'à ce que sur mes joues s'écoulent des sillons de sang. Je vois une prophétie sous mes yeux s'accomplir. Ce ne sont qu'images désordonnées, je tente de les mettre dans le bon ordre. Tout devient trouble. Des liens se créent, des liens se desserrent jusqu'à ce que la mort s'empare d'un des deux.

De multitudes de choses s'accrochent à mon âme, un héritage qui jamais plus ne saura me quitter. Sombre, marquant, il stigmate ma mémoire. Terre, Eau, Feu Air, et les Maitres s'éveillent. Ombre et Lumière, Baron, Tueuse et Celui de la Terre. Ils se montrent distinctivement à ma vue. J'essaie de les toucher, de les ressentir, mais point n'y arrive, car ils s'éloignent. Tous pointe leur doigt dans une direction bien précise, j'ai l'impression de me mouvoir pour suivre ce qu'ils désignent, cependant, Je ne peux avancer .... Et puis le noir absolu ... Je redescends ...

Une sensation singulière s'éparpille dans mes membres, dans un mouvement instinctif, je passe mes doigts sur mon visage. Un liquide poisseux entre en contact avec ma paume. Le sang ...

Je mets quelques secondes avant de reprendre mes esprits, de reprendre le court de ce que j'aurais pu laisser en suspens. Je me retrouve seule l'aube reprenant ses droits sur la nuit. Il est temps aussi pour moi de regagner ma demeure. Dans le temple, j'ouvrirai le grimoire des Constellations. De mon sang, je coucherai les lignes qui feront que pour toujours et à jamais nous seront infini.