Alekto Posté(e) 21 juillet 2012 Signaler Share Posté(e) 21 juillet 2012 Période Ondilla [+105 AC] Les quatre soleils gagnaient peu à peu les cieux, étendant leurs rayons sur le vaste monde. Dans la ville de Terra, les habitants ouvraient les yeux en leurs paisibles chaumières. La journée s'annonçait radieuse. Depuis la fin de la guerre, la région goutait à une paix bien méritée. Pourtant, en ce jour anodin quelque tumulte se préparait. Alors que les retardataires délaissaient enfin leurs rêves, un grondement sourd se fit entendre. Tout droit sorti des entrailles de la terre, il s'éleva de la vieille forêt en direction de la cité. Il fut suivi de près par une secousse sans précédent. Le sol se mit à vibrer sous les pieds fébriles des humains. Les murs résonnèrent en rythme en un frénétique tremblement. Dans les chaumières, le mobilier se prit d'une soudaine envie d'escapade et de nombreux objets vinrent finirent leur vie sur le plancher en un terrible fracas. La terre tremblait ! A plusieurs kilomètres de là, au sommet des plus hautes montagnes, le vent soufflait sur Suspendia. Un de ces vents à faire envoler les toiles des tentes et glacer les plus robustes de leurs occupants. Froid et puissant, il s'acharnait sur la cité aéride emportant avec lui pots de fleurs et tentures. Les nuages eux-mêmes semblaient fuir devant la tempête. Jamais de mémoire d'hommes on avait souffert pareilles rafales. Entre deux cris d'horreur, on pouvait entendre l'écho d'un « le ciel nous tombe sur la tête ! ». Bien plus à l'est, les résidents d'Ignis n'étaient guère mieux lotis. Tôt dans la matinée, beaucoup avaient été réveillés par une inhabituelle chaleur. Certes les températures étaient élevées en cette région volcanique, mais pas à ce point. Comme le temps passait, la canicule s'installait de plus en plus étouffante. Puis, vers le milieu de journée, l'alerte fut donnée. Le niveau des rivières de lave avait atteint un point inquiétant, et il continuait d'augmenter. Déjà le liquide brûlant venait lécher le plancher des ponts. Inexorablement, le flux ardent avançait vers les habitations. Chacun craignit bientôt pour sa vie, aussi l'évacuation fut ordonnée et la population partit se réfugier vers les hauteurs. Bien au sud cette fois, les pêcheurs se plaignaient du manque de poissons. Ils étaient revenus bredouilles en cette saison d'habituelle abondance. Quelque chose se tramait, ils en étaient persuadés. Comme 14 heures sonnaient, le sort leur donna raison. Ce fut d'abord un simple murmure au large, puis le grondement s'intensifia. La mer se retira peu à peu dévoilant le sable humide. Elle descendit bien plus bas que de coutume, et certains craignirent la sécheresse. Quand le court s'inversa brusquement, dévoilant un mur d'eau fonçant à vive allure vers la côte. Le cor raisonna dans la baie, les habitants coururent s'abriter dans la salle des gardes. La porte fut fermée comme la vague heurtait le mur de la grande bâtisse. Tous étaient saufs, mais l'eau progressait inexorablement vers les étages. Ainsi frappèrent les quatre fléaux en ce sinistre jour ! Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Alekto Posté(e) 22 juillet 2012 Auteur Signaler Share Posté(e) 22 juillet 2012 Tard ce soir-là, salle des officiers d'Aqua Derrière son bureau, le seigneur Vromir relisait les derniers rapports. La mer s'était finalement retirée, revenant à un niveau proche de la normale. Cette nouvelle aurait du le soulager, pourtant l'inquiétude persistait sur son visage. Garde Seigneur, le prêtre est arrivé. D'un signe de tête, le saint homme fut invité à entrer. Vromir, Maître de l'élément Eau On m'a fait savoir que vous souhaitiez me parler d'une affaire importante. Je ne doute pas qu'elle le soit, toutefois, comme vous le savez, la soudaine montée des eaux a laissé bien des dommages. Il y a beaucoup à faire et je m'inquiète de la suite des événements. Aussi, je n'aurais que quelques minutes à vous accorder. Oniaron, Grand-Prêtre de Posicillon Certes. Soyez en remercié. Il est intéressant que vous abordiez le sujet de cette « soudaine montée des eaux ». C'est justement de cette affaire que je souhaite m'entretenir avec vous. Peut-être pourrais-je même vous éclairer sur la suite des événements. Vromir, Maître de l'élément Eau Vraiment !? Que savez-vous à ce sujet ? Au même moment, village de Suspendia Dans la chambre des officiers, la même discussion semblait prendre place. Elirith, Grande-Prêtresse d'Eolia Je méditais près des piliers lorsque le vent se leva. Il faisait encore sombre, ce devait être au milieu de la nuit. Un étrange murmure se glissa dans les premières bourrasques. Je tendis l'oreille alors que les rafales redoublaient. Ainsi l'entendis-je clairement. La Grande Déesse nous a fait parvenir un message. Lilouien, Maître de l'élément Air Cette tempête, un message divin ? C'est là la plus loufoque de toutes les explications que j'ai entendue aujourd'hui ! Sur ces mots, la foudre gronda. Dans les alentours d'Ignis Comme la lave semblait avoir regagné son lit, les habitants cheminaient vers la cité. A l'avant de la file somnolante, un homme et une femme s'entretenaient vivement. Negmar, Grand-Prêtre de Vulfume Depuis des années, nous avons délaissé le Divin Vulfume. Aujourd'hui nous devons souffrir son courroux. Ici s'exprime la colère du Dieu pour son peuple infidèle. Combien ? Combien de nos ouailles adressent encore leurs prières aux cieux ? Combien louent les mérites du Feu Divin ? Combien de mécréants ont oublié nos lois ? Et combien s'abaissent même à frapper leurs frères ? Nous avons attiré sur nous la fureur divine, les fléaux vont s'abattre sur nos âmes indignes ! Zamlos, Maître de l'élément feu Si vous dîtes vrai, il doit bien y avoir un moyen d'apaiser cette colère. J'imagine que vous suggérez la prière ? Dans les yeux de la dame se mêlaient incrédulité et ironie. Pourtant, elle commençait à douter. Nulle autre explication n'avait été avancée sur cette soudaine « inondation de lave ». Au milieu de la nuit, chambre des officiers de Terra Le seigneur de Terra, fatigué après cette terrible journée, écoutait la prêtresse débiter son serment. Elle venait d'en terminer avec les erreurs humaines et la colère divine, et abordait maintenant le chapitre des offrandes. Roclya, Grande-Prêtresse de Fimine La prière ne suffit plus. Trop longtemps nous l'avons délaissée, aujourd'hui la Grande Déesse exige bien plus que de simples mots et de vaines promesses. Nous devons lui prouver notre foi par les actes autant que les paroles. Regardez donc ce qu'est devenue cette ville, où sont passés les représentations de la Belle Fimine ? Pas même un autel ou un temple. Nous nous sommes montrés indignes des faveurs divines, les prières ne rachèteront pas nos fautes. Zwon, Maître de l'élément Terre Que suggérez-vous alors ? Roclya, Grande-Prêtresse de Fimine Bâtissons une Statue en l'honneur de la Déesse. Alors, des quatre coins de la terre des humains s'élevèrent ces mots : Que chacun œuvre de ses mains pour renouveler ses vœux, Que le plus habile architecte dessine les lignes de cette idole, Que les amateurs de la prose rédigent un divin hommage, Ainsi expierons-nous nos fautes ! Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Alekto Posté(e) 23 juillet 2012 Auteur Signaler Share Posté(e) 23 juillet 2012 Quelques jours plus tard Les solides bâtisses des humains avaient résisté à l'assaut des éléments. Les dommages, superficiels, furent vite réparés. Toutefois il ne s'agissait là que d'un avertissement, les prêtres en étaient persuadés. Sous le choc des catastrophes, les habitants semblaient plus à même de les écouter. Ainsi la construction d'une statue fut-elle envisagée dans les quatre villes élémentaires. Ces humbles cités manquant de ressources pour accomplir ce projet d'envergure, des émissaires furent envoyés vers Melrath Zorac pour quérir l'aide des expatriés. Outre l'apport en pierres, leur aide était aussi souhaitée pour rédiger l'épitaphe qui y serait inscrit. Forts de leurs nombreux voyages, on les jugeait plus aptes à écrire pareille prose. Les habitants d'Aqua, Aeris, Ignis et Terra se chargeraient, eux, de la construction du monument. On annonçait le début du chantier pour le 13 de la période Flamba, les ressources devraient être rassemblées d'ici là. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Alekto Posté(e) 17 septembre 2012 Auteur Signaler Share Posté(e) 17 septembre 2012 Période Dea [+ 105 AC] Plus d'une période s'était écoulée depuis l'avertissement divin, d'un battement léger, le temps s'était égrené, appelant à lui l'inéluctable moisson. En son office d'Aqua, le grand prêtre Oniaron, en sa longue robe d'un cérulé étincelant, pouvait être satisfait. Les fidèles du Dieu des mers et des océans avaient œuvrés avec foi. Ils avaient récolté plus de pierres qu'il n'en fallait, la statue de Posicillon serait sans nul doute la plus majestueuse de la terre des éléments. Plus encore, il avait reçu de nombreuses propositions de textes pour l'éloge. Aussi bons poètes qu'ouvriers, ses ouailles avaient su faire œuvre de pénitence. Sur la plage au cactus, la construction allait bon train. Bientôt, tous pourraient venir se recueillir au pied de la statue divine. Tout irait pour le mieux maintenant, il en était persuadé. Au creux des laves froides, au nord d'Ignis, le grand prêtre Negmar bouillonnait, son regard enflammé par la colère. Il avait entendu parler du succès des aqueux, et ne pouvait se consoler d'avoir fait moins bien qu'eux. Bien conscient que Vulfume ne se contenterait pas d'une moitié de statue, il avait du demander de l'or à maître Zamlos pour combler le manque. Heureusement, certains fidèles avaient su faire preuve de foi, il disposait en effet d'un choix de texte convenable à graver en guise d'éloge. Dans les hauteurs de Suspendia, la grande prêtresse Elirith connaissait les mêmes déconvenues, rouge d'indignation, elle avait eu grand mal à garder son calme. Sage parmi les sages, elle avait toutefois su tirer le meilleur du peu de pierres que ses ouailles avaient consenti à lui envoyer. La statue de la grande déesse Eolia serait creuse. Ainsi le chant des cieux en sortirait chaque fois que le vent divin s'y engouffrerait. Assise au pied du socle, au centre des quatre piliers sacrés, elle s'évertuait à choisir le texte qui y serait bientôt gravé. La grande prêtresse Rocclya était de tous la plus embêtée, voire même la plus atterrée. Non seulement les Terrans étaient de moins en moins nombreux mais, en plus, ils ne comblaient en rien leur minorité par un zèle fort prononcé envers leur Déesse. Si peu de pierres étaient parvenues à Terra, qu'il avait fallu se servir sur place. Ainsi avait-on ratissé la ville pour récolter le moindre petit gravier. La misère se faisait aussi sentir en matière de poésie, seuls deux textes orneraient le socle grisâtre. Bien loin de là, en un lieu que nul mortel ne connaîtra jamais, Posicillon pavanait en ses plus belles parures, contemplant ses pairs à la mine maussade. Eolia, tristounette, soupirait, jouant avec ses longs cheveux d'or fin, le regard perdu dans le vague. Vulfume, bouillonnant de jalousie, maugréait après ses enfants qui n'avaient pas su relever le défi, vociférant pour lui-même. Fimine enfin, son joyeux sourire évanoui, restait inerte, atterrée, n'arrivant à comprendre pourquoi ses enfants lui témoignaient si peu de reconnaissance. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Recommended Posts