Akaresh Posté(e) 22 févier 2014 Signaler Share Posté(e) 22 févier 2014 Les solides remparts de la capitale de cette Terre aride et stérile me font face, véritable affront à l'Histoire et à ce qu'elle représente. Je contemple ces murs décrépis par les rayons du soleil, par l'érosion temporelle, si propre aux créations des Hommes, cet enchevêtrement de pierres disparates, cet amoncellement de toits aux reflets bleutés, comme s'ils n'étaient que des blocs, amassés ci et là, et mis bout à bout dans l'hypothétique espoir que cela puisse finir par ressembler à quelque chose. La plupart des matériaux utiles à la construction de la ville, d'ailleurs, provenaient des cités antiques du Soleil et de la Lune, illustration de ce manque de ressources de l'Homme. A l'altitude où je me trouve, le vent vient caresser l'intérieur de ma capuche, la faisant subtilement basculer vers l'arrière, dévoilant mes traits vaporeux aux regards indiscrets. Remontant le haut de ma soutane discrètement, je promène mon regard sur l'équipage de mon engin, espérant que nul n'ait pu apercevoir mes traits. Il est encore trop tôt pour qu'ils sachent. Bientôt, les Sept seront éveillés, sous l'influence de ces objets disséminés au gré de mes dernières péripéties. Alors, mon existence même n'aura plus de but, ma destinée sera accomplie, et je goûterai au repos mérité, rejoignant l'âme des miens. Ma dernière sépulture m'attend déjà : moi, le fils du Vent et de l'Eau, je reposerai au plus profond de la Terre, au milieu des Flammes. Je me promène sur le pont de ma machine, essayant d'imaginer la réaction de l'Homme devant mon ingénierie supérieure. Mon ascendant est naturel : au nombre de Six les premiers temps, nous fûmes assemblés par les unions de Dieux Élémentaires, avant que ne soient enfantés les abominations secondaires telles que l'Homme, le Nain ou le Gobelin. Nous étions d'ascendance divine, tous autant que nous étions, mais doublement, nous fûmes trompés par l'Unique, sous ses deux formes : par Quen, tout d'abord, dans sa tentative utopique d'accomplir la volonté de son créateur en réunissant toutes les formes de vie. La nature de la vie même n'est qu'une adversité, un combat contre la mort, pourtant final inéluctable de cette représentation théâtrale pipée depuis le début. Mais aussi et surtout par Niue, ce suppôt maléfique, cette engeance machiavélique et destructrice nous ayant promis monts de richesse et abysses de savoir, entité susurrant ses paroles mielleuses à qui veut l'entendre, dont le seul but semble la corruption pour mener à la destruction totale de vie. Détruire pour mieux reconstruire, tel est l'adage de ses adeptes. D'aucuns diraient que ma destinée n'est pas si éloignée de ces préceptes : ils auraient tord, une fois de plus. Je me nourris des embûches que je dresse à l'encontre de ceux qui ne méritent pas d'exister, je respire les nombreux échecs subis par ces êtres inférieurs, je vis des balbutiements de l'espèce humaine devant l'adversité. Ma vie n'est tournée que vers le chaos, l'anéantissement. Pourquoi reconstruire ce monde qui n'a déjà que trop duré ? Plus d'un million d'années nous séparent de la Genèse de ce monde. Un million de guerres incessantes, de trahisons, de sang et de souffrances. Cette terre des éléments n'est que la terre de la haine, toute volonté pacifiste est futile, car tous œuvrent pour l'accomplissement de leur destinée personnelle. Et, comble de l'ironie... ils me condamnent déjà, sans me connaître, pour ces actes mêmes qu'ils commettent en toute impunité. Le but approche... Le vent nous portera au-dessus des murs de la cité, déversant ma puissance sur ces frêles aventuriers qui oseront s'attaquer à moi, s'opposer à mes desseins funestes. L'heure des Sept est proche. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Recommended Posts
Join the conversation
You can post now and register later. If you have an account, sign in now to post with your account.