Le jour où ma proie a été volée...

[Enya]

Une promenade comme j'aimais en faire. Voilà le programme qui devait originellement être le mien. Car croyez-le ou non, mais j'étais une femme aux goûts simples et aux aspirations bien modestes.
Je n'attendais rien de la part d'autrui, je menais simplement ma petite vie comme je l'entendais puisque je n'avais plus de comptes à rendre à personne aujourd'hui, si ce n'était à ma propre conscience.
Beaucoup de choses avaient changé dans mon existence: ma voie, celle de la déchéance que j'assumais pleinement, sans honte, ma personnalité qui était plus directe qu'autrefois.
Malgré tout cela, ma vocation était restée identique : aider ou détruire selon mes envies.

 

Suite à la menace d'IssCaNak, j'avais pour mission de tuer les quatre mages et dérober leurs plans. Voilà maintenant quelques semaines que l'homme mystérieux était resté sans nouvelles. La curiosité me poussa à le chercher, à le connaître et à découvrir son identité... En vain...
Je m'étonnais alors encore, là, à me promener dans les alentours de Meralth Zorac au lieu de me laisser aller à la détente.
Sur mon chemin, mes yeux s'étaient posés sur ce petit bout de parchemin qui trainait par terre, coincé et froissé entre les branches maigres d'une plante d'apparat, devant les portes de Meralth Zorac.
C'était la curiosité et l'intrigue qui me poussèrent à m'en saisir, jusqu'à ce qu'une petite esquisse apparaisse sur ses pales traits. Des indices se trouvaient quelque part dans Meralth Zorac.

Depuis combien de temps n'étais-je pas venue dans cette ville? Dans ce quartier des apothicaires?
Cela faisait plusieurs semaines que je n'avais pas remis les pieds ici, en même temps, je n'avais aucune envie de me retrouver nez à nez avec des ennemis, oui mes ennemis...
J'étais sûre de trouver les indices, d'après ce parchemin, ici, à Meralth Zorac... Je devrais trouver l'endroit où il construisait sa nouvelle machine... Introuvable...
Introuvable.
Toujours introuvable.
Mais où se trouvait-il?
A la place des indices, elle vit ses compagnons et les belligérants de l'Au delà rester sur leurs gardes. Parmi ces personnes, l'un d'eux murmura:
"Un dirigeable au dessus de Meralth Zorac, il tourne, tourne et tourne! Attention, il ravage partout et on doit éviter de se brûler!"

Un frisson d'origine mystérieuse parcouru mon corps. Inconsciemment, je jetais un coup d'œil derrière moi. Ce que je vis fit battre mon cœur si vite que j'haletais.
Plusieurs sentiments se succédèrent en moi. D'abord la surprise, de voir le dirigeable brûler et détruire la ville, c'était un art, une beauté de la destruction. Puis l'excitation de voir Meralth Zorac brûler à petit feu.
Ensuite de l'amusement lorsque je reconnus les anti-architecte, je n'avais pas hésité à les repousser pour protéger ce dirigeable.
Une terreur sans nom m'envahit. Pourquoi certains de mes alliés avaient changé d'avis? Pourquoi avaient-ils choisi de détruire ce dirigeable? Pourquoi avaient-ils décidé d'arrêter l'Architecte? Et pourquoi fallait-il qu'une alliée le détruise? Pourquoi elle affichait sur son visage de l'inquiétude?
Non, décidément, ce n'était pas mon jour de chance. J'avais tout fait, vraiment tout, pour protéger cet homme mystérieux. En vain. Ces humains étaient tous pareils, pro-architecte ou non, ils étaient égoïstes et profiteurs... Je détestais, par-dessus tout les égoïstes, ceux qui ne pensaient qu'à eux.

Explosion...
Tout était sombre...
Peut être qu'elle avait raison d'arrêter l'architecte...


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*Les bruits des battements de cœur*

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C'est fou ce que les rêves peuvent être agréables. On oublie tout, c'est comme si on n'existait plus. Je n'avais plus de raison de me réveiller, j'avais tout oublié...
Mes songes se brisèrent et je revins à la réalité, encore embrumée par le sommeil, je baillais dévoilant mes canines.
Mon corps tout entier me brûla atrocement.
L'odeur poisseuse du sang imprégna mes narines. Ma vue était floue et j'entendis comme si j'étais sous l'eau. La masse s'agrandit autour de mon corps. Je perçus les cris de panique, de désespoir et de stupeur.
Ma tête était lourde et j'eus du mal à me relever. Je regardai autour de moi et j'aperçus plusieurs personnes, certaines m'étaient familières, c'est à ce moment que je me souvins de tout.

L'architecte a détruit Meralth Zorac, alliés comme ennemis. J'entendis ses rires briser le silence, il était heureux et quitta la nécropole.

La ville ravagée.
Un rêve ravagé.

Trahie.
Une leçon.

La rage.

C'était un souvenir figé, une histoire qui se comptait seule.
Tous ceux qui étaient venus pour bâtir, pour changer, pour conquérir à leur idée cette ville étaient repartis. Non pas que c'était une ville vilaine, non, elle était jolie, fleurissante et un peu trop audacieuse. Aujourd'hui voilà ce qu'il restait, des cadavres de pierres mal entretenus.
Des bâtiments détruits et terrassés, aussi, l'humain était son pire prédateur.
La bibliothèque était l'épicentre d'une réminiscence de vie. Certains érudits venaient lire ici, apprendre.
L'auberge étaient épargnée par l'explosion. Il y a quelques humains qui vivaient encore ici. Si on veut éviter de payer l'auberge, il reste tous les bâtiments abandonnés. Ces arbres sur ces maisons, cette végétation qui avait tout recouvert.

 

La terre cicatrise toujours.

Et cet homme-là, cet architecte, il poursuivit son chemin en ricanant vers le nord, jusqu'au lac de Plaisance, il fallait l'arrêter à tout prix.
Le connaître était stupide, l'aider était encore stupide. C'était juste un vulgaire humain victime de la folie. J'aiguisai mes griffes et me lançai à sa poursuite.

A peine rentrée dans cette fameuse crypte, dont j'ignorai l'existence jusqu'à présent, à la lumière des flammes, le visage de l'architecte était mieux discernable. Il s'agissait d'un homme, ni jeune, ni vieux. Si pâle, son visage montrait l'expression du choc, des gerbes de sang qui s'échappaient de sa gorge... Guix l'avait tué à ma place... Ma proie avait été volée... L'alliance avait été rompue, Il fallait fuir, ces belligérants de l'Au-dèlà ne sont plus mes alliés...

Modifié (le) 2 mars 2014 par Enya